Né en 1925 à Fribourg, Suisse
Mort en 1991 à Bern, Suisse
L’œuvre de Tinguely va bien au-delà d’un mélange de sculptures en mouvement et d’objets trouvés, de Cinétisme et de Nouveau Réalisme auquel on aurait tendance à le réduire. Ceux que nous voyons aujourd’hui comme des mouvements constitués, avec leurs listes d’artistes, leurs critiques et leurs expositions, étaient à l’époque transitoires, malléables, aussitôt défaits que faits, dénoncés par ceux qui venaient de le théoriser : le Pop et le Nouveau Réalisme, le Happening et le Junk Ar, le Lettrisme et la poésie concrète, la musique concrète et la musique électronique, la danse et la performance, le musée et l’espace public, Fluxus et Dada… Tout ceci était encore en train de s’inventer. Non seulement Tinguely fut au cour de cette « affaire », mais il fut aussi un précurseur et à ce titre résonne de multiples manières dans la création contemporaine : son art fut politique, « genré », ouvert sur les sons et sur l’électronique, postmoderne avant la lettre, défenseur de la récupération quand on commençait à parler de l’obsolescence des machines.
Camille Morineau, « Les machines inutiles et sonores de Jean Tinguely, hier et aujourd’hui », Catalogue d’exposition Jean Tinguely ‘60s, 2016.