Né en 1960 à Los Angeles (Californie, USA)
Vit et travaille à Yale, New Haven (Connecticut, USA)
Au sein du collectif SHRIMPS qu’il rejoint dès 1984, Martin Kersels réalise de nombreuses performances dans lesquelles il joue de son physique hors norme, à la fois impressionnant et encombrant. Sa pratique s’oriente par la suite vers des actions qui, si elles se déroulent parfois dans la rue à la vue des passants, n’existent à proprement parler que sous la forme de traces filmiques ou photographiques. On le voit notamment chuter à de multiples reprises dans la rue (Tripping, 1995), tomber à la renverse (Falling, 1994), se faire frapper par ses amis (Friends Smacking Me, 1998), jeter ces mêmes amis (Tossing a Friend, 1996), ou les faire tournoyer en les tenant par les pieds (Whirling, 1996). Avec Fat Iggy (2009), l’artiste pastiche Iggy Pop, qui, sec comme une trique et les muscles saillants, représente dans l’imaginaire collectif le performeur ultime. En reprenant les poses improbables du leader des Stooges, Kersels se met dans une position inconfortable – au propre comme au figuré – dans le but assumé de déconstruire le mythe de la rock star, laissant le regardeur à la fois amusé et quelque peu mal à l’aise face à ce corps pas tout à fait taillé pour reproduire les déhanchements lascifs de « l’Iguane ». Dernièrement, Kersels a réalisé deux installations qui redéfinissent radicalement les frontières qui séparent les aspects performatif et sculptural de sa pratique. La première, Rickety (2007), présentée lors de la rétrospective qui lui est consacrée au Santa Monica Museum of Art en 2008, consiste en un plateau-scène de danse fait de mobilier récupéré sur lequel est joué le soir du vernissage la chorégraphie « uh ! » conçue par Melinda Ring. La seconde, Five Songs (2010), présentée à la Biennale du Whitney en 2010 et la même année à la galerie, se compose quant à elle de cinq modules indépendants oranges, noirs et blancs. Ces sculptures-scènes n’attendent plus qu’un chanteur, un danseur ou un performeur pour être activées, Kersels s’effaçant totalement au profit des artistes conviés à les investir. L’artiste cherche ici à réintroduire le corps à l’intérieur de l’espace d’exposition. Il parvient à transcender le rapport au corps tel qu’il est habituellement envisagé dans la performance ou la sculpture, tout en sondant avec subtilité les notions d’auteur et d’authenticité. D’après Antoine Marchand, in Volume, 2013