Vue du montage de l’exposition « Alphabet(s) », Galerie GP & N Vallois, Paris, France
© Tadzio
Jacques Villeglé
« Le tout c’est d’avoir du génie à 20 ans et du talent à 80 » -Camille Corot
2020-2021
Pochoir
© Tadzio
Jacques Villeglé
Vue du montage de l’exposition « Alphabet(s) », Galerie GP & N Vallois, Paris, France
« Dans les orages révolutionnaires l’affiche c’est le tocsin » – Louis-Sébastien Mercier
2020-2021
© Tadzio
Vue de l’exposition « Alphabet(s) »
Galerie GP & N Vallois, Paris
05.03 – 10.04.2021
© Tadzio
Vue de l’exposition « Alphabet(s) »
Galerie GP & N Vallois, Paris
05.03 – 10.04.2021
© Tadzio
Vue de l’exposition « Alphabet(s) »
Galerie GP & N Vallois, Paris
05.03 – 10.04.2021
© Tadzio
Vue de l’exposition « Alphabet(s) »
Galerie GP & N Vallois, Paris
05.03 – 10.04.2021
© Tadzio
Vue de l’exposition « Alphabet(s) »
Galerie GP & N Vallois, Paris
05.03 – 10.04.2021
© Tadzio
It all began, as always, with an anonymous piece of graffiti that Jacques Villeglé discovered on February 28th 1969, precisely on the wall of a corridor in the République metro station. This graffiti represented the name of the American president Nixon, who was then visiting Paris, with the three arrows of the former Socialist party for the N, a Cross of Lorraine for the I, a swastika for the X and a Celtic cross inside the circle of the Jeune Nation movement for the O. Jacques Villeglé memorised it, as he memorised all of the unique pieces of writing which he came upon subsequently (cultural, street, and writers’ alphabets) and which, combined, became the source material for his constantly evolving socio-political alphabet, the matrix of drawings and writings to come.
“You can make a painting with a page of writing”. Jacques Villeglé never forgot this sentence by Picasso which he read aged 21 and which has accompanied him ever since. With the sociopolitical alphabets, which he has been essentially focused on since 2000, the “father of graffiti artists” transforms writing into images, in his own way. His texts and alphabets are simultaneously graphic, poetic, and visual works. The sequence of signs and symbols is as important as the whole they belong to – a set that speaks to all of the senses, left and right brain included. The reading of the phrases and aphorisms borrowed from others and drawn, transposed and transcribed on paper, canvas, etc, is a kind of sight-reading, decoding, deciphering. Jacques Villeglé, amateur of typography, graphism and cryptography (a term that featured in his agenda, exactly on February 21st 1958), takes pleasure, with the sociopolitical alphabet, in awakening our gaze. He teaches us again how to see, how to read, how to grasp and consider the sum of urban traces and everyday signs in a new light, restoring their beauty and mystery. “Maybe I would like the graffiti of popular expression, those deviant phenomena that inspire disrespect, to compete with the hegemonic epigraphy of Western culture; for these signs drawn from the triviality of the everyday to be considered as the equals of formal inscriptions […]”, he wrote in 1995 in Une épigraphie sauvage.
“To be astonished is a pleasure”. This sentence by Edgar Allen Poe, which gave rise to a first large graphic stencil by the artist in the Jardin des Tuileries in Paris in 2009, could summarise by itself his approach and desire towards the reader-spectator. It does not feature in “Alphabet (s)”, his eleventh and penultimate exhibition at the Georges-Philippe & Nathalie Vallois gallery (in 1999, which marked the beginning of the collaboration with the artist, a programme of twelve exhibitions was developed, echoing the twelve themes of his catalogue raisonné). Instead, we can find quotes by Wilde, Corot, Dubuffet, Cioran, Duchamp, Che, Kerouac, or more recently Tesson (Sylvain), written in the “villegléan alphabet” and drawn directly onto the walls of the gallery and surroundings.
Or this not accidental phrase by Prévert, taken from the poetry collection Fatras: “Beautiful letters are not enough to make a real alphabet”. What else do we need? The answer is on the walls.
Barbara Soyer
Tout part, comme toujours, d’un graffiti anonyme que Jacques Villeglé repère le 28 février 1969 exactement sur les murs d’un couloir de la station République, et dans lequel on distingue le nom du président américain alors en visite à Paris, Nixon, avec les trois flèches de l’ancien parti socialiste pour le N, la croix de Lorraine pour le I, la croix gammée pour le X et la croix celtique inscrite dans le cercle du mouvement Jeune Nation pour le O. Jacques Villeglé le mémorise, comme il mémorisera toutes les écritures singulières qu’il rencontrera par la suite (alphabets culturels, de rue, d’écrivains, etc.) et qui, combinées, deviendront le matériau de son alphabet socio-politique, en constante évolution, matrice des graphismes et des textes à venir.
« On peut faire un tableau avec une page d’écriture ». Jacques Villeglé n’a pas non plus oublié cette phrase de Picasso lue à 21 ans et qui l’accompagne depuis. Avec les alphabets socio-politiques, auxquels il se consacre essentiellement depuis 2000, le « père des graffeurs » transforme à sa manière l’écrit en image. Ses textes et ses alphabets s’apprécient comme des œuvres graphiques, poétiques et plastiques. L’enchaînement des signes et des symboles vaut pour lui-même autant que pour l’ensemble dans lequel ils s’inscrivent – un ensemble qui parle à tous les sens, cerveau gauche et cerveau droit compris. La lecture des phrases et des aphorismes qu’il emprunte à d’autres et qu’il dessine, transpose et transcrit sur le papier, la toile, etc. relève du déchiffrage, du décodage, du décryptage. Amateur de typographie, de graphisme et de cryptographie (terme qui apparaît dans son agenda le 21 février 1958 exactement), Jacques Villeglé s’amuse, avec l’alphabet socio-politique, à réveiller notre regard. Il nous réapprend à voir, à lire, à saisir et à considérer d’un œil nouveau l’ensemble des traces urbaines et des signes du quotidien, leur rendant leur part de beauté et de mystère. « Peut-être que je voudrais que les graffiti de l’expression populaire, phénomènes déviants qui incitent à l’irrespect concurrencent l’épigraphie hégémonique de la culture occidentale ; que ces signes arrachés à la trivialité du quotidien soient regardés à l’égale des inscriptions d’apparat […]. », écrit-il en 1995 dans Une épigraphie sauvage.
« Etre étonné c’est un bonheur ». Cette phrase d’Edgar Allan Poe qui donnera lieu à un premier grand graphisme format pochoir de l’artiste dans le Jardin des Tuileries à Paris en 2009, pourrait résumer à elle seule sa démarche et sa volonté vis-à-vis du regardeur-lecteur. Elle ne figure pas dans « Jacques Villeglé – Alphabets socio-politiques », sa onzième et avant-dernière exposition à la galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois (en 1999, début de la collaboration avec l’artiste, un programme de douze expositions a été mis en place, reprenant les douze thèmes de son Catalogue Raisonné). A la place, on trouvera, dessinés directement sur les murs de la galerie et alentours, les mots de Wilde, de Corot, de Dubuffet, de Cioran, de Duchamp, du Che, de Kerouac ou plus récemment de Tesson (Sylvain), écrits en alphabet « villegléen ». Ou bien encore, et pas tout à fait au hasard, cette phrase de Prévert, tirée du recueil de poésie Fatras : « Il ne suffit pas d’avoir de belles lettres pour écrire un vrai alphabet. » Que faut-il de plus ? La réponse est sur les murs.