Vue de l’exposition « Au jour d’hui »
Galerie GP & N Vallois, Paris
25.01 – 03.03.2018
© Aurélien Mole
Vue de l’exposition « Au jour d’hui »
Galerie GP & N Vallois, Paris
25.01 – 03.03.2018
© Aurélien Mole
Vue de l’exposition « Au jour d’hui »
Galerie GP & N Vallois, Paris
25.01 – 03.03.2018
© Aurélien Mole
Vue de l’exposition « Au jour d’hui »
Galerie GP & N Vallois, Paris
25.01 – 03.03.2018
© Aurélien Mole
Vue de l’exposition « Au jour d’hui »
Galerie GP & N Vallois, Paris
25.01 – 03.03.2018
© Aurélien Mole
Vue de l’exposition « Au jour d’hui »
Galerie GP & N Vallois, Paris
25.01 – 03.03.2018
© Aurélien Mole
Aujourd’hui, les nouvelles sont plutôt bonnes : nous sommes en janvier 2018 et c’est la deuxième exposition personnelle de Lucie Picandet à la galerie Vallois après Idiose en 2016. Voilà pour les faits. Mais en est-on si sûr ? On l’a vu, le monde et les mots de la jeune artiste, lauréate de la bourse Révélations Emerige 2015, obéissent à un calendrier et à des règles propres qui nous obligent à reconsidérer l’essentiel : quand, où et qui sommes-nous ?
Nouvel épisode de son projet ctionnel Celui que je suis, cet « Au jour d’Hui » qui donne son titre à l’exposition, marque l’instant présent, celui d’Hui (l’artiste), au moment précis et fondateur de sa chute en lui- même, représenté dans les trois planches qui ouvrent l’exposition. Reprenons : en 2004, Lucie Picandet trouve sur un marché aux puces parisien une carte postale photographique qui va tout déclencher – la recherche, l’écriture, la création – et qui conditionnera dès lors ses travaux (broderies, cahiers, sculptures…).
Le décor est planté. Remontant aux origines de l’histoire, Lucie Picandet poursuit ici son grand voyage introspectif et sensible dans son monde-corps – cerveau, œil, cœur, ore intestinale… Chaque œuvre est une étape. Son inconscient et son univers se déploient et s’inventent sous nos yeux dans une mise en formes et en mots échevelée. On l’observe devenir le fil de ses pensées. Reste à tirer tous ceux qui courent ici et là et à bien regarder. À suivre l’itinéraire conseillé dans les méandres d’Hui. À plonger, sinon creuser, avec lui.
Ce qui est donné à voir relève du vertige – couleurs, matières, effets, sujets, faune et ore : ça tourbillonne, ça circule, ça palpite et ça turbine à tout va. Lucie Picandet a l’art et la manière de donner vie et souf e, énergie et texture, à ce qu’elle pose sur le papier. Ses nouvelles séries d’aquarelles, lumineuses et irradiantes, réunissent l’écriture et l’image qu’on retrouvait dans ses précédentes broderies.
On balance de la figuration à l’abstraction, du macroscopique au microscopique, du réel à l’imaginaire, de l’astrophysique au moléculaire. Dans un temps suspendu ou dilaté, au choix : une seconde peut être un siècle dans ce monde mystérieux et merveilleusement atemporel.
Passionnée de physique quantique, Lucie Picandet aime les jeux d’échelle et de temps. Ses grands Paysages intérieurs, présentés dans la seconde partie de l’exposition, s’apprécient en mouvement : à longue, moyenne et petite distance. Il faut s’approcher pour voir l’invisible. Au Palais de Tokyo, des œuvres de la même série étaient montrées fin 2017 dans le cadre de l’exposition des résidences d’artistes de la Fondation d’entreprise Hermès; Les Mains sans sommeil. Les visiteurs les déchiffraient tels des cartes inconnues. Des paysages intérieurs figurant des mondes extérieurs, peuplés des créations-créatures surréalistes de l’artiste : agent couleur, agent houleur et autres personnages non identi és. Entre Jérôme Bosch et Gilles Barbier.
Les outils-sculptures de Lucie Picandet ont également pris de l’ampleur depuis sa dernière exposition. Plus grands, ils lui servent à tâter le terrain, comme elle dit, à capturer les émotions.
Lucie Picandet parle de ses œuvres à la première personne. Elle les vit, les raconte et les relie, inventant sa propre mythologie. Lucie Picandet habite Fontainebleau, regarde des vidéos scienti ques sur Canal-U, peut parler astrophysique et métaphysique des heures durant. L’idéal d’œuvre qu’elle construit depuis une dizaine d’années et ce fameux jour de 2004 sur un marché aux Puces, embrasse les temps et la matière, brouille dé nitivement les pistes. «Au jour d’Hui», somme d’hier et matériau de demain, soit l’espace-temps de l’artiste, celui de Lucie. Etonnant et détonant.