Zhenya Machneva
A cage
2022
Coton et fibres synthétiques
© Tadzio
Zhenya Machneva
Vue de l’exposition « Minor Sublimations »
Galerie GP & N Vallois, Paris
21.10 — 26.11.2022
© Tadzio
Zhenya Machneva
Message
2021
Coton et fibres synthétiques
© Tadzio
Zhenya Machneva
Vue de l’exposition « Minor Sublimations »
Galerie GP & N Vallois, Paris
21.10 — 26.11.2022
© Tadzio
Zhenya Machneva
Wind
2022
Aquarelle, feutre aquarelle et encre sur papier
© Tadzio
Zhenya Machneva
Vue de l’exposition « Minor Sublimations »
Galerie GP & N Vallois, Paris
21.10 — 26.11.2022
© Tadzio
Zhenya Machneva est née en 1988 à Saint-Pétersbourg (Russie). Formée à la Stieglitz State Academy of Art and Design, elle intègre très vite le département textile, séduite par les techniques de tissage dont elle décide de faire sa pratique principale. Découverte par Georges-Philippe et Nathalie Vallois lors de la Triennale du New Museum en 2018, elle intègre la galerie la même année.
L’artiste, installée en France depuis peu, a dû quitter la Russie de façon précipitée. Son départ – initialement prévu à l’automne 2022 pour une année de résidence à la Cité internationale des arts à Paris – se trouvant menacé par le conflit avec l’Ukraine. Depuis mars dernier, elle a temporairement investi l’étage de la galerie, où elle produit ses œuvres sur un métier à tisser de seconde main, déniché dès son arrivée dans la capitale. Trois de ses tapisseries sont actuellement présentées dans le cadre de l’exposition The Milk of Dreams de la biennale de Venise 2022.
Le pratique de Zhenya Machneva se concentre essentiellement autour la technique de la tapisserie traditionnelle, faite main, technique ancestrale qu’elle n’a de cesse de placer dans une perspective contemporaine et affranchie du statut d’art décoratif.
Les sujets qu’elle développe relèvent d’une imagerie très actuelle : paysages urbains, friches désolées d’usines abandonnées, machines obsolètes, autant de références au réel qu’elle revisite et transpose dans des compositions tissées.
Elle glane ces formes et sujets lors de promenades et les capture par le biais de la photographie. La plupart de ses motifs sont issus de pérégrinations dans d’anciennes usines soviétiques désaffectées, témoins d’un passé industriel triomphant, qu’elle mêle à des fragments de paysages urbains issus pour certains de ses voyages outre-Atlantique.
Les éléments qu’elle représente ont en commun une condition temporaire, un état d’abandon. Ils semblent livrés à un avenir incertain, telles des ruines contemporaines auxquelles elle redonne une nouvelle vie par le biais de ses créations.
Ainsi, ces images capturées sur le vif, lui inspirent ses cartons, compositions-modèles en noir et blanc réalisés à l’échelle 1 qui deviendront ensuite des tapisseries aux couleurs douces et sombres, empreintes d’une mélancolie certaine. Sa palette colorée est travaillée à la manière de celle d’un peintre : les fils de différentes couleurs sont mélangés pour en créer de nouvelles, à l’intensité vibrante.
La technique de la tapisserie artisanale est un travail laborieux. L’artiste répète, devant son métier à tisser les mêmes gestes, d’une grande précision, pour former, trame après trame, l’image finale. Il n’est jamais possible, pendant la production d’une tapisserie, d’avoir une vue d’ensemble du projet en court. Seul le carton initial fonctionne comme modèle de trame. Ainsi, à la différence d’un peintre qui perçoit sa composition dans son ensemble, l’artiste travaille à l’aveugle, ne visualisant que les derniers 40cm du travail effectué, avant qu’il ne disparaisse enroulé sous le métier à tisser.
Malgré une technique qui semble laisser peu de part à l’improvisation, Zhenya Machneva agit avec beaucoup d’intuition, choisissant une couleur selon son humeur ou l’envie du moment, se laissant traverser par sa perception de l’instant, guide sensible qui accompagne ses gestes et lui fait librement interpréter la partition de départ en noir et blanc. À ses sujets, a priori froids et impersonnels, elle insuffle également ses propres émotions, les innerve de son imaginaire. Il ressort de cette double incarnation de l’artiste, de la manière qu’elle a d’immerger son être sensible dans la technique qu’elle emploie et dans ses sujets de représentation, une impression de vie inattendue. À l’image des titres, les éléments montrés, bâtiments ou machines inertes, se mettent en mouvement (Fallen), expriment des émotions (Cry), prennent forme humaine (Baby, Hermit) ou animale (A Dog).
Faisant preuve d’une profonde empathie pour ce qu’on ne regarde pas ou plus, Zhenya Machneva sublime les délaissés – comme en témoigne le titre de l’exposition, The Minor Sublimation – et nous invite délicatement à poser un regard neuf sur les friches du monde.
Marie Gautier
La Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois tient à remercier Bénédicte Alliot et la Cité internationale des arts pour leur soutien à l’artiste.