Henrique Oliveira,
Xilempasto 17
2022
Contreplaqué et pigments
© Tadzio
Henrique Oliveira,
Ouroboros
2022
Contreplaqué
© Tadzio
Henrique Oliveira,
Ouroboros
2022
Contreplaqué
© Tadzio
Henrique Oliveira
Vue de l’exposition « Small Abstractions »
Galerie GP & N Vallois, Paris
21.10 — 26.11.2022
© Tadzio
Henrique Oliveira,
Xilempasto 23
2022
Contreplaqué et pigments
© Tadzio
Henrique Oliveira
Vue de l’exposition « Small Abstractions »
Galerie GP & N Vallois, Paris
21.10 — 26.11.2022
© Tadzio
Henrique Oliveira,
EXLP 39
2022
Huile, papier mâché et grillage métallique sur bois
© Tadzio
Henrique Oliveira
Vue de l’exposition « Small Abstractions »
Galerie GP & N Vallois, Paris
21.10 — 26.11.2022
© Tadzio
Henrique Oliveira,
EXLP 48
2022
Huile, papier mâché et grillage metallique sur bois
© Tadzio
Henrique Oliveira quitte sa ville natale d’Ourinhos (Brésil) en 1990 pour étudier les arts visuels à l’Université de São Paulo. Passant des territoires de la peinture, à ceux de de l’architecture ou de la sculpture, les œuvres d’Henrique Oliveira explorent la nature originelle de matériaux pour en redéfinir leurs usages ordinaires.
A l’occasion de sa troisième exposition personnelle à la galerie Vallois, Henrique Oliveira réalise pour l’espace du 33 rue de Seine deux nouvelles séries de sculptures de petits formats où la peinture prédomine.
La première série de l’exposition, “EXLP”, (Estudo para Xilempasto/ étude pour Xilempasto) est une mise en volume de la peinture. Ces « peintures sculptures » sont le résultat d’une méthode en plusieurs étapes : l’artiste réalise d’abord des peintures à l’huile grands formats où la matière est utilisée en couche épaisse. Il choisit ensuite un fragment à extraire de la toile, dont il décide d’augmenter l’échelle comme s’il zoomait dedans afin d’en révéler les effets de matière et de mouvement. Pour ce faire, il réalise une structure en papier mâché qui reproduit le volume du fragment choisi auquel il ajoute encore une épaisse couche de peinture donnant l’effet d’une sur-matérialité de la peinture. En jouant ainsi avec des techniques et textures, chacune des œuvres de cette série fonctionne comme un grossissement, une exagération de la matière picturale, lui conférant ainsi le statut de sculpture.
Si Henrique Oliveira n’hésite pas à faire référence aux grands peintres que sont Rembrandt (les couleurs employées dans certaines EXLP rappellent furieusement la chair du bœuf écorché), Van Gogh (dans les volumes que le peintre créait dans l’épaisseur de la couche de peinture), Lucian Freud ou encore Francis Bacon (pour leurs palettes et les mouvements du pinceau), on comprend que ce qui l’intéresse chez ces artistes n’est pas tant les sujets qu’ils représentent que la technique qu’ils emploient pour le faire. Zoomer dans une toile d’un de ces peintres offrira toujours la vue d’une forme abstraite. Henrique Oliveira nous livre avec cette série une représentation réaliste de ces abstractions.
Recherches en termes de couleurs, de matières, de volumes et de mouvements, on note bien que l’artiste assume dans le E du titre de la série son caractère d’études. On devine l’importance de cette étape en découvrant la seconde série de l’exposition, intitulée “Xilempastos”. Oliveira y utilise une technique particulière qu’il affectionne particulièrement : l’assemblage de bois de chantier recyclé. Si on lui connaît l’emploi de cette technique pour des sculptures brutes de grand format ou des installations in situ, jouant une matérialité toute organique, cette nouvelle série, au format plus domestique, est une véritable rencontre entre la peinture et la sculpture. En effet, il associe des morceaux de bois bruts et d’autres qu’il peint préalablement pour réaliser des compositions en volume dont la vivacité des mouvements évoque ceux de l’Action Painting, à la grande différence qu’ici, on ressent la lenteur du geste de l’artiste, voire l’état méditatif dans lequel il se met pour créer ces pièces. Étrange impression aussi que de voir la viscosité d’une matière – la peinture – représentée grâce à l’emploi d’un matériau sec – le bois.
Le titre – Xilempastos – fait référence aux palissades de protection de chantier typiques au Brésil. D’un matériau particulièrement pauvre, Henrique Oliveira crée de délicats ensembles de couleurs et de mouvements, transpositions abstraites de paysages urbains. Il donne ainsi une nouvelle vie et sublime ce que nous considérions jusqu’alors comme des déchets.
En créant les impressions de vitesse dans la lenteur, de viscosité dans la sécheresse, de préciosité dans la pauvreté, Oliveira n’oppose pas mais relie – une manière d’être au monde.
David Moinard