Née en 1968 à Séville (Espagne)
Vit et travaille à Madrid (Espagne)
Pilar Albarracín fait de la transgression et de l’humour des outils à la fois plastiques et politiques. Depuis le début des années 1990, l’artiste espagnole ouvre à travers ses œuvres des espaces de revendications féministes. Pour cela, elle a choisi d’analyser d’une manière viscéralement critique le folklore, la culture populaire et vernaculaire andalouse. Elle examine ainsi la culture qui lui a été transmise et qui constitue une grande partie de son identité. Du flamenco aux rituels catholiques, en passant par la tauromachie et l’art baroque, l’artiste prend chacune des traditions à bras le corps. En s’imposant physiquement au cœur de territoires et de symboles puissants d’une culture patriarcale, Pilar Albarracín réclame une part d’une histoire collective, celle des femmes. Avec une colère non dissimulée, elle exagère, elle multiplie, elle déplace, elle agresse ou elle étrangle les stéréotypes et les traditions ancestrales. En cela, elle s’approprie les costumes, les accessoires, les symboles et le décorum de rituels où les hommes et les femmes sont cantonnés à des rôles spécifiques. Si l’on se concentre exclusivement sur les femmes, leurs rôles et leurs espaces de représentations sont particulièrement restreints et/ou invisibles. Les actions, les photographies, les broderies et les objets détournés visent à une déconstruction de ces rôles et à une prise de conscience des manques, des absences et des interdits. Les rituels qu’elle investit et revisite sont inscrits dans une pensée identitaire guidée par la morale religieuse et l’idéologie patriarcale que l’artiste s’efforce de retourner et se défaire.
D’après un texte de Julie Crenn