Née en 1970 à Grasse (France)
Vit et travaille à Paris (France)
Inspirée par son environnement immédiat, Virginie Yassef prend un plaisir enfantin à dévoiler l’étrange beauté du monde qui nous entoure. Ses Scénarios Fantôme documentent des fragments de ce monde. Le titre même révèle la qualité éthérée et magique de ces oeuvres, qui consistent en de petites photographies souvent montées ensemble. Yassef traverse le paysage urbain comme un fantôme dérobant des «moments» pris au hasard avec son objectif. Chacune de ces images, minimales et pourtant fortement évocatrices, montre une partie d’une histoire en train de se dérouler. Le sens de l’intuition et de l’enthousiasme est également présent dans l’oeuvre Passe-Apache, un rocher hyper réaliste, réalisé en résine et à l’apparence étonnamment légère, que l’on pousse et qui révèle alors un passage secret. La conception de la réalité de Yassef repose toujours sur la ction. Le désir de transformer la réalité est en effet la base de la plupart de ses travaux. Comme elle l’af rme elle-même «c’est important de ralentir la vie. Ou de l’accélérer. En tout cas, de lui donner une autre qualité.» Dans ses vidéos, les gestes simples ont une apparence burlesque et les scènes de rue banales deviennent poétiques. En créant cet univers onirique, Yassef nous invite à être plus attentifs. L’oeuvre de Yassef a souvent pour point de départ des objets du quotidien, qu’elle détourne de façon ludique et ironique renversant littéralement l’idée convenue que le regardeur a de ces objets. Ceci est particulièrement évident dans sa sculpture Billy Montana, dont la combinaison entre l’étagère standard Ikéa – Billy – la plus vendue au monde et la marque de peinture aérosol – Montana – détourne le mode utilitaire de ces objets. En utilisant les 58 planches comprises dans le kit, l’étagère devient ainsi vaine, de même que la peinture, symbole de rébellion (jadis le médium privilégié des taggers et graffeurs), devient un outil d’industrialisation et de standardisation. Visuellement séduisant, l’absurdité de cette étagère inutilisable n’est pas seulement drôle mais également subversive. Yassef, avec un humour singulier, montre alors une fascination pour l’irrationnel et l’incongru.