Vue de l’exposition « Memory song / it’s a way of life! »
Galerie GP & N Vallois, Paris
11.12.2015 – 30.01.2016
© André Morin
Vue de l’exposition « Memory song / it’s a way of life! »
Galerie GP & N Vallois, Paris
11.12.2015 – 30.01.2016
© André Morin
Vue de l’exposition « Memory song / it’s a way of life! »
Galerie GP & N Vallois, Paris
11.12.2015 – 30.01.2016
© André Morin
Vue de l’exposition « Memory song / it’s a way of life! »
Galerie GP & N Vallois, Paris
11.12.2015 – 30.01.2016
© André Morin
Vue de l’exposition « Memory song / it’s a way of life! »
Galerie GP & N Vallois, Paris
11.12.2015 – 30.01.2016
© André Morin
Vue de l’exposition « Memory song / it’s a way of life! »
Galerie GP & N Vallois, Paris
11.12.2015 – 30.01.2016
© André Morin
Vue de l’exposition « Memory song / it’s a way of life! »
Galerie GP & N Vallois, Paris
11.12.2015 – 30.01.2016
© André Morin
Vue de l’exposition « Memory song / it’s a way of life! »
Galerie GP & N Vallois, Paris
11.12.2015 – 30.01.2016
© André Morin
Vue de l’exposition « Memory song / it’s a way of life! »
Galerie GP & N Vallois, Paris
11.12.2015 – 30.01.2016
© André Morin
Vue de l’exposition « Memory song / it’s a way of life! »
Galerie GP & N Vallois, Paris
11.12.2015 – 30.01.2016
© André Morin
Vue de l’exposition « Memory song / it’s a way of life! »
Galerie GP & N Vallois, Paris
11.12.2015 – 30.01.2016
© André Morin
Voyages intérieurs
L’un est français, l’autre est américain. Celui-ci vit à Paris, celui-là à Los Angeles. Si tous deux sont férus de dessin, toujours prompts à recouvrir pages de carnets et feuilles de papier, leur œuvre s’offre à voir à l’aune d’une production plastique polymorphe qui se développe volontiers en étendue comme en volume. Quoique Pierre Seinturier (né en 1988) et Adam Janes (né en 1976) partagent le même intérêt pour toute une iconographie figurée et narrative, ils puisent chacun leur inspiration à des sources différentes – le cinéma et l’image imprimée pour le premier, la culture populaire pour le second, tout en croisant un même goût pour l’histoire de l’art. Malgré leur douze ans de différence, quelque chose les rend familiers d’une même génération, notamment dans leur façon d’accumulation d’images et de signes, leur propension à vouloir mettre en scène leurs œuvres et cette liberté qu’ils s’octroient à mettre le regard à l’épreuve de toutes sortes d’expérimentations.
Pour toutes ces raisons, qu’elles soient synonymiques ou antinomiques, les réunir dans l’unité d’une même exposition est l’occasion de mettre en exergue la richesse d’une création dont le dessin est le vecteur cardinal. Pour ce qu’il est toujours en amont de toute expression, pour ce qu’il permet toutes formes de déclinaisons, pour ce qu’il est tout à la fois le lien et le liant de tous les autres modes. L’exposition de Pierre Seinturier et d’Adam Janes en fait d’autant plus la démonstration que leur présentation respective en forme d’installation tend à vouloir instruire les termes d’un semblant d’œuvre d’art total. Conçue sur le mode d’un parcours fortement structuré à travers chacune de leurs œuvres, elle invite le spectateur à la découverte de deux mondes à part qui l’entraînent chacun à sa manière vers des territoires décalés, riches de réminiscences, de références et de figures plus ou moins familières. Il y va d’une expérience d’immersion dans l’imaginaire de chacun des artistes, tout à la fois sensible et mentale, qui nous interroge, nous fascine ou nous déroute, dans tous les cas qui ne nous laisse pas indemne.
L’art de Pierre Seinturier est requis par le narratif et le suspens. Les saynètes qu’il imagine mettent en jeu des situations que fonde une culture de l’énigme pour ce qu’elles s’inscrivent ni en amont, ni en aval d’un quelconque continuum. Elles disent un moment arrêté, comme on stoppe le déroulement d’un film pour isoler un plan de son contexte et le découvrir dans la surprise de sa singularité. Extraites de tout un monde d’images fixes ou animées – films, bandes dessinées, cartes postales, ouvrages divers et variés… -, les œuvres de Seinturier croisent aussi les aléas de son quotidien, ses obsessions, ses visions fantasmées, celle notamment d’une Amérique qu’il a peu vue. C’est tout un théâtre de mémoire qu’il imagine, s’inventant des histoires, les instruisant dans des paysages à l’atmosphère tendue, les animant de personnages dont ne sait s’ils sont ou non fictifs, ni qui ils sont vraiment. La façon qu’il a d’investir l’espace en l’architecturant de différents plans lui permet de jouer en trompe-l’œil et en dédales visuels qui obligent le visiteur à une déambulation active, curieuse, voire fouineuse. En fait, tous les efforts de Pierre Seinturier visent à multiplier les points de vue pour sortir de la bi-dimensionnalité et les expériences plastiques pour opérer toujours davantage le mélange entre réalité et fiction. Par-là, son art relève d’une sorte d’esthétique de la fable.
Aux pratiques conjuguées du collage et de l’assemblage, Adam Janes accorde une place de choix. Ses œuvres en déclinent l’exercice dans la réalisation de travaux qui passent du plan au volume et se donnent à voir comme autant d’icônes qui appartiendraient à une culture marginale. En réalité, son art procède de la combinaison entre des éléments empruntés à différentes culture populaires et tout un lot de références classiques. Quelque chose de singulier et de ludique est à l’œuvre dans son travail qui en appelle à un vocabulaire de formes et de signes rudimentaires, immédiatement accessibles au regard et qui mêle toutes les techniques et tous les formats. L’artiste prend comme un malin plaisir à fabriquer des objets incongrus et des machines improbables dont les motifs jouent de l’intrication entre imaginaire débridé et références autobiographiques. Adam Janes n’a pas son pareil pour orchestrer la collusion entre figuration et abstraction et noyer tout un monde de personnages souvent drolatiques dans le flux de ses images ou dans la construction de ses sculptures. Aussi ses œuvres relèvent–elles d’une forme de palimpseste dont il ne nous livre aucun déchiffrement et nous nous nous trouvons, face à elles, en position d’explorateur. Articulé autour de l’idée de Memory Song, le dispositif qu’il a conçu pour cette exposition participe en ce sens à nous entraîner dans les dédales imprévisibles de la mémoire.
Ici et là, Pierre Seinturier et Adam Janes nous proposent au bout du compte de faire comme un voyage au cœur même du monde de leurs images. Aventure, expédition, introspection…